Dans le cadre de sa formation d’entraineur fédéral FFA du 2nd degré, Olivier devait suivre un athlète et l’accompagner dans la préparation d’un objectif.

Il a alors proposé à Yann de l’accompagner sur le trail des 3 Couvents, étape intermédiaire pour Yann car il s’agissait d’une des courses pour sa préparation pour le trail de Bourbon à la Réunion (110km, 6400d+) plus tard dans l’année. Beaucoup de beaux échanges et de travail ont permis de construire un programme d’entraînement de haut vol sur 3 mois pour notre Yann international !

Olivier : « L’athlète que j’accompagne se nomme Yann Coutty, est âgé de 40 ans et est membre de l’AAAL depuis 2006. Sa VMA est de 19 km/h.
Principaux résultats :
– 10 km : 35’32’’ (Villeurbanne, 2016).
– Semi-marathon : 1h18’23’’ (Vénissieux, 2011). 1h19’28’’ (Vénissieux, 2017).
– Marathon : 2h50’40’’ (Amsterdam, 2017).
– Trails : 9ème de l’Ultra 6000D (110km, 5800D+, 2010), 11ème du trail des Glaciers de la Vanoise (75km, 3800D+, 2017), 26ème du Grand Raid de la Réunion (165km, 9600D+, 2012).
Il réalise des performances lui ouvrant les portes des Championnats de France Masters 1 sur les distances 10km, 21km et Marathon. Cela en fait donc un candidat idéal pour une collaboration dans le cadre de ma formation de second degré Hors Stade. »

Yann : « Je me sens de nouveau prêt en 2018 à me fixer un nouvel objectif majeur sur un format ultra trail. J’ai choisi pour cela de retourner à La Réunion pour faire le trail du Bourbon (112k/6400+) le 19 octobre 2018. A cette fin, des objectifs intermédiaires ont été choisis avec des profils distance/dénivelé/technicité assez proches de l’objectif majeur :
– 29 avril : Trail des 3 Couvents – 46km/3000+ (Chartreuse)
– 29 juin : 90 km du Mont Blanc – 90km/6000+ (Chamonix)
– 19 octobre : Trail du Bourbon – 112km / 6400+ (La Réunion) – Objectif majeur

Olivier : Dans le cadre de mon mémoire, nous avons décidé de nous fixer plusiseurs objectifs:
1. Tenir compte des contraintes de l’athlète : un boulot, une famille, des vacances, il n’est pas toujours simple de se libérer de nombreuses heures pour se préparer !
2. Les sports croisés : vélo, natation, skating l’hiver, tout est bon pour le cardio, la récupération, les muscles, les jambes, allez-y gaiement !
3.Le travail de préparation physique : gainage, renforcement musculaire… c’est parti pour quelques séances à la maison.
4. Le travail de dénivelé : gagner en puissance dans les montées, sécuriser les descentes
5. Le travail de VMA : développer le « moteur de l’athlète »

Tu as établi un plan sur 3 mois avec différentes phases, peux-tu nous expliquer cette construction et ses raisons ?

Olivier : La construction d’un plan d’entraînement se base usuellement sur 4 phases que l’on retrouve entre 2 objectifs de l’année :
•La phase générale : c’est ce que l’on fait usuellement à l’AAAL dans le cadre des séances hebdomadaires proposées. L’objectif est de préparer le « moteur » et le foncier de l’athlète, avec des séances variées, de la PPG, des parcours dynamiques, des séances de VMA intensives et extensives. Bref, on développe la VMA et on renforce le corps
•La phase spécifique : d’une durée usuellement fixée en fonction de la compétition (6 semaines pour un marathon, 3 semaines pour un 10km), elle sert à habituer l’organisme de l’athlète aux contraintes spécifiques de l’épreuve. Ici, les spécificités du trail
•La phase de relâchement : en fonction de l’épreuve, de 3 jours à 2 semaines. Cette phase permettra d’arriver en pleine forme et affuté à la compétition. Pour cela, le volume est diminué, tout en conservant quelques séances qualitatives.
•La phase de régénération : essentielle après l’objectif, elle permettra de récupérer de manière adéquate, avec des footings légers et des séances de sports croisés, portés, limitant l’impact musculaire et aidant l’organisme à « évacuer les déchets ».

Yann, était-ce ce que tu avais envisagé ou est-ce qu’Olivier t’a apporté des changements dans tes plans habituels ?

Yann : Cela faisait pas mal d’années que j’établissais seul la préparation de mes échéances trail du printemps/été. J’avais pour habitude, à l’approche des beaux jours, de greffer aux séances classiques VMA de l’AAAL, des séances spécifiques typées trail avec du dénivelé (en ville et en montagne) et du volume kilométrique. Le fait de pouvoir travailler avec Olivier m’a permis de faire une préparation plus complète et ciblée. Olivier m’a proposé un contenu spécifique nouveau. C’est principalement sur le travail de puissance et d’intensité en montée que ses séances m’ont permis de progresser le plus.

Ce plan s’est-il déroulé à la lettre ou des ajustements ont eu lieu ? La théorie fut-elle en phase avec la réalité ?

Olivier : L’accent de la formation du second degré est précisément de voir ce qui se passe dans la « vraie vie » d’un athlète : des contraintes professionnelles et personnelles, des blessures et des coups de moins bien, l’euphorie, les tracas…Et bien entendu, cela est aussi vrai pour Yann. Par exemple, après le trail des Cabornis, Yann était très fatigué. Après discussion, j’ai repris le plan initial d’entraînement et j’ai enlevé un certain nombre de séances pour qu’il puisse récupérer. Même si nous n’avons pas suivi la théorie à la lettre, cette dernière a permis de réaliser les fondations et la structure de l’entraînement. Mais il est important de conserver de la souplesse et ne pas hésiter à adapter profondément le plan. A bas les dogmes !
Yann : Il y a naturellement eu des adaptations à faire. Ces adaptations ont été nécessaires pour Olivier comme pour moi. Nous avions échangé tous les deux fin 2017 pour construire un programme d’entrainement « type ». Je me suis retrouvé début mars avec une fatigue de fond que je n’arrivais pas à faire passer. Le nombre de séances cumulées (course à pied et vélo/natation en complément) était trop ambitieux par rapport à mon rythme professionnel et familial. Olivier a su m’écouter, s’adapter et me proposer d’alléger la charge pour que nous convergions vers un programme plus adapté.

Yann, comment as-tu vécu ces 3 mois ? Le fait d’être coaché t’a t-il mis une pression supplémentaire ? Aidé ?

Yann : C’était très intéressant et motivant d’avoir un œil et un avis extérieur. Je ne l’ai pas du tout vécu comme une pression supplémentaire, bien au contraire, c’était une source de motivation supplémentaire. Et je devais rendre des comptes toutes les semaines. Olivier analysait chaque fin de semaine le contenu des séances réalisées, les sensations et mes commentaires de manière à fournir le planning de la semaine suivante. Autant vous dire qu’il n’était pas question de ne pas suivre le plan 😉

Comment as-tu vécu ta course des 3 couvents ?

Yann : Le trail des 3 Couvents était la première étape en prévision de mon objectif de l’année à La Réunion. Plus que le résultat, c’était surtout les sensations qui importaient sur cette course pour valider ou non la qualité du travail réalisé lors des premiers mois de préparation. La course s’est très bien passée. Elle a confirmé une bonne forme. J’étais un peu court musculairement pour tenir un rythme homogène de bout en bout mais ce n’était pas une surprise à ce stade de la saison (j’ai eu des crampes sur les 10 derniers km). La suite de la saison a confirmé la bonne préparation de fond réalisée avec une forme croissante pour les échéances de juin (90km du Mont Blanc) et d’octobre (trail du Bourbon).

Et toi Olivier ? Comment l’as-tu vécu ? Un coach est-il stressé aussi le jour J ?

Olivier : Et comment ! Je suis resté accroché sur le direct facebook de la course pour suivre les progrès de Yann et m’assurer que tout allait bien. C’était excitant et stressant à la fois. Mais j’étais confiant, la préparation de Yann avait été excellente, et aucun incident de course n’a eu lieu. Résultat, une superbe course !

Quel bilan tirez-vous de cette expérience commune ?

Yann : Le bilan est plus que positif. Je retiens de cette expérience beaucoup d’échanges avec Olivier pour adapter ses plans d’entraînement et me permettre de bien vivre la préparation. Cela m’a permis, toute proportion gardée, de mieux comprendre l’importance de la relation entre l’athlète et son entraineur. La confiance et la bonne entente entre les deux sont des ingrédients essentiels pour que cela fonctionne. Etre à l’écoute l’un de l’autre, savoir modifier son approche, tester de nouvelles choses. Un grand merci à Olivier pour le temps qu’il m’a consacré et ses précieux conseils. Merci aussi pour les nouveaux outils dans la mallette qui vont me permettre d’aborder différemment les saisons à venir. A quand des coachs personnels pour tous les membres de l’AAAL ?

Olivier : J’ai beaucoup appris de ce travail avec Yann. Loin du plan théorique idéal, nous avons dû adapter les entraînements aux diverses contraintes et événements inattendus : fatigue, douleurs, déplacements et WE familiaux. Ainsi, j’ai pu mesurer la vraie vie d’un sportif, où le dialogue quasi quotidien entre l’athlète et son coach prend toute son importance, loin des abaques théoriques et de ce qu’il « convient de faire ». Participer à la progression d’un athlète amateur avec un niveau si élevé et une telle expérience a été pour moi riche d’enseignements et je désire remercier Yann pour son écoute attentive, ses remarques toujours constructives et son humilité qui force l’admiration de tous au sein de notre club..